BRVM : transparence ou confusion ? Quand la publication tardive secoue le marché

« BRVM : un marché en maturation, mais qui devrait mieux parler à ses investisseurs »


 La BRVM protège-t-elle vraiment les investisseurs ?

 Une réflexion sur les règles, les publications et la transparence du marché

Par GEO INVEST – Octobre 2025


Un marché qui grandit, mais des règles qui interrogent

La BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières) est souvent saluée comme un modèle d’intégration financière en Afrique de l’Ouest. Pourtant, derrière cette réussite institutionnelle, de nombreuses voix d’investisseurs s’élèvent pour dénoncer certaines rigidités du système et manques de transparence qui pénalisent la performance et la confiance du marché.

Parmi les points qui reviennent souvent :

Le délai J+3 (trois jours pour le règlement-livraison) encore en vigueur, là où d’autres marchés africains sont passés à J+2 voire J+1,

Le retard récurrent dans la publication des rapports d’activité des sociétés cotées,

Et le faible flottant boursier de plusieurs entreprises, limitant la liquidité et la libre formation des prix.

Quand la transparence tarde, la volatilité s’installe

Les derniers jours d’octobre 2025 ont offert un spectacle inhabituel : une forte correction simultanée sur plusieurs titres phares du marché — BOA Mali, PALM CI, SOGB et entre autres.
Officiellement, rien ne justifiait un tel repli soudain. Mais en observant de plus près les Bulletin Officiel de Cotation (BOC), la cause devient plus évidente :

Un déferlement de publications de rapports financiers (S1 et T3) simultanément, concentré sur quelques jours, alors que certains documents étaient signés et disponible depuis plusieurs semaines.

Exemples notables :

CIE : rapport signé le 29 octobre 2025 publié le 30 octobre 2025 ;

Tractafric, Nestlé, CFAO : rapports signés dès le 13–14 octobre 2025 mais publiés seulement le 30 octobre 2025 dans le BOC ;

Pendant ce temps, certains jours de cotation (comme le 20 octobre) sont restés totalement vides de publication officielle.

«Il faut noter aussi que la forte correction observer il y a quelques jours peut être du aussi à la publication des rapports simultanément  dans le bulletin officiel de cotation. On remarque que certaines entreprises avaient déjà communiqué ou signer les documents de rapport à des dates dont la publication n'a pas été faite dans le BOC à telle point qu'à certains jours le BOC était totalement vide de rapports d'activité et à d'autres chargés.. On vient après pour publier tout à même temps.... Et là il n'y pas de règle qui s'applique au grand regret des investisseurs...
Et après le marché s'emballe ! Est-ce voulu  à cette période de l'année pour entamer un nouveau cycle ? 

BOC du 30/11/2025  🔽
Des rapports signés :
-CIE : 29 Octobre 2025
-Tractafric : 14 octobre 2025 
-NESTLE S1: 14 Octobre 2025
-NESTLE T3 : 21 octobre 2015 
-CFAO S1 : 13 octobre 2025
-Coris BANK : 30 octobre 2026 
-SOGB T3: 29 Octobre 2025

-SIB, SICABLE : pas de date...

BOC du 29/10/2025   ⬇️

-BOA Bénin S1: 29 Octobre
-SITAB S1 & T3: 22 octobre
-BICICI T3: pas de date 
-NSIA T3: 29 Octobre
-PALMCI T3: pas de date
-SGCI T3: 29 Octobre
-ONATEL T3: 28 octobre
-SMB S1 & T3 : 28 octobre 

BOC du 28/10/2025 🔽

-SOGB S1: pas de date
-SOLIBRA S1: pas de date
-ECOBANK CI : 28 octobre 
-ETIT TG : Pas de date 

BOC du 22/10/2025 ⬇️

-ORAGROUP T3: pas de date

BOC du 20/10/2025 🔽

Rien comme Rapport publié 

BOC du 21/10/2025 ⬇️

-BICICI S1: pas de date

-BOC du 14/10/2025 🔽
Pas de rapport publié pourtant ceux de Tractafric, Nestlé et Cfao était déjà connu les 14, 13 octobre 2025. C'est le 30 octobre 2025 que c'est publié dans le BOC. 

BOC du 31 octobre 2025 ⬇️
-BERNABE S1 : 14 Octobre
-BOA BF T3: 30 octobre 

Résultat : un effet domino sur le marché. Les investisseurs, découvrant plusieurs rapports en même temps, réagissent dans la confusion, provoquant une survente technique sur plusieurs titres.

Des questions qui méritent d’être posées

Est-ce un simple aléa administratif ou une stratégie délibérée pour laisser le marché “respirer” avant un nouveau cycle annuel ?
Pourquoi la BRVM ne publie-t-elle pas les rapports à mesure qu’ils sont transmis, afin de garantir l’égalité d’accès à l’information ?
Et surtout, où sont les garde-fous pour protéger les petits investisseurs qui se retrouvent exposés à une volatilité amplifiée ?

Ces interrogations ne visent pas à décrédibiliser la Bourse, mais à interpeller sur la nécessité d’une évolution vers plus de réactivité et de transparence.

Un marché africain en quête de modernisation
La confiance des investisseurs se construit sur trois piliers :

1. La transparence de l’information

2. La rapidité d’exécution

3. L’équité de traitement


Sur ce plan, la BRVM progresse — mais lentement.
L’instauration d’un calendrier plus strict des publications des rapports (T1, S1, T3...),  la digitalisation complète du BOC avec le flux progressif des rapports disponible à date sans avoir à les accumulé  et l’adoption du J+2 seraient des pas forts vers un marché plus moderne, plus fluide et plus protecteur.


«Le marché n’a pas besoin d’être parfait pour être rentable.
Mais il doit être transparent et équitable pour inspirer confiance.»
— GEO INVEST 

 Vers un nouveau cycle ?

Chaque année, la période octobre – janvier est marquée par une phase de correction sur la BRVM, souvent suivie d’un rallye haussier à partir de février.
Le scénario actuel pourrait bien s’inscrire dans cette logique cyclique : une purge nécessaire avant une nouvelle impulsion haussière.

Mais une chose est sûre : tant que les règles de diffusion de l’information ne seront pas clarifiées et modernisées, le risque d’incompréhension et de volatilité restera présent.

Problème identifié Impact sur le marché Solution proposée:

-Délai J+3 Freine la liquidité, Passer à J+2
-Retards de publication Crée des déséquilibres d’information, Publier dès réception des rapports;
-Faible flottant et Volatilité exagérée, Encourager les sociétés à élargir le flottant;
-Concentration des rapports Chocs de marché temporaires, Planifier la diffusion sur plusieurs jours.

La BRVM est un marché jeune mais prometteur.
Pour devenir un véritable marché de référence en Afrique de l’Ouest, elle doit franchir un cap : celui de la transparence, de la régularité et de la protection effective des investisseurs.
Les corrections actuelles ne sont pas une faiblesse — elles sont le signal qu’un marché cherche encore son équilibre, entre croissance institutionnelle et maturité opérationnelle. 

| Marché Financier Régional UMOA

Une nouvelle ère pour la BRVM et le DC/BR !

Le Conseil d’Administration du Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR) a approuvé le passage du cycle de règlement/livraison de J+3 à J+2, une réforme majeure qui sera effective dès décembre 2025.

Objectifs clés :

  • Accélérer les règlements entre acheteurs et vendeurs ;
  • Renforcer la liquidité du marché ;
  • Réduire les risques et accroître l’efficacité opérationnelle.

Sous la présidence de M. Faman Touré, le Conseil a également validé les modalités du règlement tardif, marquant une étape clé dans la modernisation du marché financier régional.

Cette évolution, autorisée par l’AMF-UMOA, rapproche la BRVM des standards internationaux et offre un cadre plus dynamique et compétitif aux investisseurs.

Une BRVM plus rapide, plus fluide, plus compétitive !

Résultats financiers d'entreprise publiés ce 31/10/2025 

Alors que la saison des publications s’intensifie sur la BRVM, les chiffres du 1er semestre (S1) et du 3e trimestre (T3) 2025 dessinent un paysage contrasté.
Entre résilience pour certains, effondrement pour d’autres, les investisseurs doivent plus que jamais séparer le bruit de fond des signaux solides. 

 BERNABÉ Côte d’Ivoire

S1 2025 : chiffre d’affaires 21,6 milliards F CFA (+3%), mais perte nette de 139,5 milliards F CFA (-63%).

T3 2025 : chiffre d’affaires 31,8 milliards F CFA (-3%), perte nette aggravée à 157 milliards F CFA (-397%).

 BERNABÉ reste engluée dans des pertes massives malgré un léger redressement d’activité. Le titre illustre la difficulté du secteur industriel à retrouver un équilibre financier durable.

 FILTISAC

S1 2025 : chiffre d’affaires 13,4 milliards F CFA (+11%), bénéfice net de 105 millions F CFA (-97%).

T3 2025 : chiffre d’affaires 18,3 milliards F CFA (-1%), perte nette de 216 milliards F CFA (-105%).
 La société subit un retournement brutal après un premier semestre fragile. L’érosion de la rentabilité interroge sur la soutenabilité du modèle à moyen terme.

 SETAO

S1 2025 : chiffre d’affaires 2,2 milliards F CFA (+290%), perte nette de 556 millions F CFA (-77%).

T3 2025 : chiffre d’affaires 3,4 milliards F CFA (-176%), perte nette réduite à 477 millions F CFA (-22%).
Malgré une croissance exceptionnelle au S1, le T3 marque un recul brutal de l’activité. Le secteur du BTP reste volatil et dépendant des projets publics.

 SONATEL
T3 2025 : chiffre d’affaires 1 432,5 milliards F CFA (+8,6%), bénéfice net de 311 milliards F CFA (+8%).
 Le géant sénégalais confirme sa domination. Croissance stable, marges solides, et expansion régionale maîtrisée : SONATEL reste une valeur refuge de la BRVM.

 TOTAL Sénégal

S1 2025 : chiffre d’affaires 234,8 milliards F CFA (-3%), bénéfice net de 3 milliards F CFA (-20%).

T3 2025 : chiffre d’affaires 344,8 milliards F CFA (-7%), bénéfice net de 5 milliards F CFA (-14%).
 La baisse des volumes et la pression sur les marges freinent les résultats, mais TOTAL conserve une rentabilité correcte et une gestion prudente de son portefeuille.

 UNIWAX

S1 2025 : chiffre d’affaires 15,7 milliards F CFA (+12,5%), bénéfice net de 8,2 milliards F CFA (+530%).

T3 2025 : chiffre d’affaires 22,4 milliards F CFA (+13%), bénéfice net de 8,1 milliards F CFA (+476%).

 UNIWAX signe l’une des plus belles performances du marché, portée par une demande soutenue et une maîtrise exceptionnelle de ses coûts. Valeur de croissance à surveiller de près.

   SODECI

S1 2025 : chiffre d’affaires 82 milliards F CFA (stable), bénéfice net de 1,3 milliard F CFA (-24%).
 L’entreprise reste solide sur le plan opérationnel mais subit la pression des charges. Une rentabilité en recul dans un contexte de stagnation des tarifs.

 BOA Burkina

T3 2025 : chiffre d’affaires 43,2 milliards F CFA (+0,85%), bénéfice net de 13,4 milliards F CFA (-27,7%).

Malgré une activité en légère hausse, le recul des bénéfices illustre le resserrement des marges dans le secteur bancaire. BOA reste cependant l’une des banques les plus dynamiques du marché ouest-africain.

Les publications du T3 2025 confirment une BRVM en phase de transition :

des leaders solides (SONATEL, TOTAL SN) ;

des secteurs en tension (industrie, agro) ;

et des signaux mitigés pour les investisseurs à la recherche de stabilité.

 Entre prudence et opportunités, le marché BRVM entre dans une phase charnière où la discipline et la sélection des titres feront la différence.

Source : GEO INVEST – Dcbruemoa – BOC du 31/10/2025 

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